La montagne victime de son succès
Dans les alpages de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la conciliation des usages est un casse-tête.
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La montagne est-elle un espace de liberté ? « Nous avons fait l’erreur de le dire à la sortie du Covid, avoue Fabrice Pannekoucke, vice-président à l’agriculture à la Région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura). Nous la réparons en communiquant sur le respect des alpages. » Car la montagne est surtout un espace de partage. Le col du Joly, où la Région avait donné rendez-vous le 24 juin pour une journée autour du pastoralisme avec le réseau pastoral Aura, l’illustre bien. En hiver, ce lieu à cheval sur Hauteluce (Savoie) et Les Contamines (Haute-Savoie) est prisé pour la glisse. Le reste du temps, on y croise randonneurs, VTT, ultratrailers… Tous se sentent un peu « chez eux ». Or seules les vaches le sont. Car ces pentes sont des alpages exploités par les producteurs de beaufort.
Vivre de tourisme et de fromage
Quand l’éleveur David Grosset vient installer sa machine à traire mobile, il trouve parfois une famille de campeurs. Le camping sauvage et les chiens qui divaguent lui posent des soucis de sécurité et d’hygiène (les alpages ne sont pas équipés de WC). Pourtant, ni lui ni ses voisins d’alpage ne s’opposent au tourisme : « Nous en avons besoin pour vendre du fromage, mais nous voulons du respect. » Puisque ces territoires vivent à la fois du tourisme et de l’élevage, les acteurs ont à cœur de coopérer pour réduire les conflits d’usage, avec l’appui des collectivités : créer des webséries sur les alpages, poser des panneaux explicatifs, dévier des parcours de trail, installer des sanitaires, inciter les professionnels du tourisme à relayer les bons messages…
Aux Contamines, « nous avons sensibilisé l’office du tourisme pour qu’il arrête de promouvoir le col du Joly qui est un alpage privé et déjà surfréquenté, partage l’adjointe au maire Gaëlle Blanchard. Mais les problèmes viennent moins des touristes que des locaux qui se croient chez eux. » Pour ces derniers, des opérations de communication ont déjà lieu toute l’année, comme le programme « Un berger dans mon école » initié en 2001. L’attractivité des départements savoyards ramène sans arrêt de nouveaux habitants à sensibiliser.
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